48. HISTOIRE DE LA TAPISSERIE

de Symon l'enlumineur. Alors seulement paraît le tapissier; il s'appelle ici Tliibaut Clément. Après l'examen des dessins, il débat avec les marguilliers de la paroisse et frère Didier le prix de l'exécution du tissu.. Le travail de haute lice, terminé, Poinsète la couturière reparait pour doubler les pièces de grosse toile et y accrocher les cordes servant à attacher la tenture aux crampons que Bertrand le serrurier a fixés aux barres de bois assujetties dans l'église par-Odot le huchier. Aucun détail n'est omis, pas même le vin consommé par frère Didier et Thibaut Clément dans leurs entretiens et conférences.

On possède peu de renseignements sur l'exécution matérielle des tapisseries au moyen âge. Tout porte à croire que le métier des anciens hauteliceurs d'Arras et de Paris ne différait pas sensiblement de celui qui est employé de nos jours. Quelques perfectionnements techniques ont été introduits pour faciliter la besogne de l'ouvrier; en somme, ces modifications se réduisent à peu de chose.,Nous avons vu que nos vieux artisans savaient terminer en un espace de temps dont la brièveté nous étonne des travaux considérables. . '■ ' • •

Sur les matières mises en œuvre nous n'avons également que des notions assez confuses. Il est constamment question, clans les inventaires et les comptes, nos deux sources principales d'information, du fin fil d'Arras. Que signifie ce terme? Les éléments font défaut pour en donner une définition précise. Il est à supposer que les tisseurs de la Flandre et de l'Artois savaient préparer pour les tapissiers des fils de laine d'une ténuité particulière. On vante souvent à cette époque la beauté des laines d'Angleterre. Peut-être les métiers d'Arras empruntaient-ils à leurs voisins les matières premières. On sait que la laine est l'élément constitutif, essentiel de la tapisserie. Un tapissier peut se passer de toute autre matière, plutôt que de laine. C'est avec la laine qu'ont été faits de tout temps les fils de chaine; on y a substitué récemment les fils de coton; mais le coton est presque inconnu au moyen âge.

La laine entre aussi, pour la plus large proportion, dans la trame de presque toutes les tapisseries. Le xi v° siècle connaissait et employait la soie et le fil d'or, ou or de Chypre, dans les tentures de prix; mais ces produits, apportés à grands frais de l'Orient, coûtaient fort cher et augmentaient sensiblement le prix des étoffes dans la décoration desquelles, ils entraient.



	48. HISTOIRE DE LA TAPISSERIE de Symon l'enlumineur. Alors seulement paraît le tapissier; il s'appelle ici Tliibaut Clément. Après l'examen des dessins, il débat avec les marguilliers de la paroisse et frère Didier le prix de l'exécution du tissu.. Le travail de haute lice, terminé, Poinsète la couturière reparait pour doubler les pièces de grosse toile et y accrocher les cordes servant à attacher la tenture aux crampons que Bertrand le serrurier a fixés aux barres de bois assujetties dans l'église par-Odot le huchier. Aucun détail n'est omis, pas même le vin consommé par frère Didier et Thibaut Clément dans leurs entretiens et conférences. On possède peu de renseignements sur l'exécution matérielle des tapisseries au moyen âge. Tout porte à croire que le métier des anciens hauteliceurs d'Arras et de Paris ne différait pas sensiblement de celui qui est employé de nos jours. Quelques perfectionnements techniques ont été introduits pour faciliter la besogne de l'ouvrier; en somme, ces modifications se réduisent à peu de chose.,Nous avons vu que nos vieux artisans savaient terminer en un espace de temps dont la brièveté nous étonne des travaux considérables. . '■ ' • • Sur les matières mises en œuvre nous n'avons également que des notions assez confuses. Il est constamment question, clans les inventaires et les comptes, nos deux sources principales d'information, du fin fil d'Arras. Que signifie ce terme? Les éléments font défaut pour en donner une définition précise. Il est à supposer que les tisseurs de la Flandre et de l'Artois savaient préparer pour les tapissiers des fils de laine d'une ténuité particulière. On vante souvent à cette époque la beauté des laines d'Angleterre. Peut-être les métiers d'Arras empruntaient-ils à leurs voisins les matières premières. On sait que la laine est l'élément constitutif, essentiel de la tapisserie. Un tapissier peut se passer de toute autre matière, plutôt que de laine. C'est avec la laine qu'ont été faits de tout temps les fils de chaine; on y a substitué récemment les fils de coton; mais le coton est presque inconnu au moyen âge. La laine entre aussi, pour la plus large proportion, dans la trame de presque toutes les tapisseries. Le xi v° siècle connaissait et employait la soie et le fil d'or, ou or de Chypre, dans les tentures de prix; mais ces produits, apportés à grands frais de l'Orient, coûtaient fort cher et augmentaient sensiblement le prix des étoffes dans la décoration desquelles, ils entraient.